Une recommandation ancrée dans les habitudes
Mangez quotidiennement au minimum cinq fruits et légumes. Depuis plus de quinze ans, ce slogan est profondément ancré dans les habitudes alimentaires françaises, obtenant des résultats positifs : actuellement, 79 % des Français jugent important de consommer quotidiennement au moins cinq portions de fruits et légumes.
L'essor de l'alimentation végétale
L'intérêt croissant pour les régimes à base végétale ne cesse de s'affirmer. Selon un sondage de l’IFOP, 68 % des Français pensent qu’un régime alimentaire plus végétal aurait des effets bénéfiques sur la santé, tandis que 64 % estiment qu’il contribuerait à diminuer leur empreinte environnementale.
Une consommation réelle en baisse
Cependant, malgré cet enthousiasme, la consommation réelle de fruits et légumes frais connaît une diminution. En 2023, les ménages français ont consommé en moyenne 4,7 kg de fruits et légumes frais en moins par rapport à l’année précédente, soit une baisse de plus de 13 kg comparativement à la moyenne entre 2018 et 2022. Cette réduction s'explique notamment par l'augmentation significative des prix, passant de 2,87 €/kg en 2022 à 3,02 €/kg en 2023.
Un marché en mutation : enjeux et défis actuels
Cette situation soulève une question essentielle : comment maintenir, voire augmenter la consommation de fruits et légumes frais en France malgré ces contraintes économiques ? Entre les attentes nouvelles des consommateurs, l’évolution des circuits de distribution et les défis de production, le marché français des fruits et légumes traverse actuellement une période de changements majeurs.
Organisation de la filière fruits et légumes en France La filière française repose sur une organisation structurée impliquant divers acteurs clés de la production à la distribution.
Les producteurs
En France, il existe 57 500 exploitations spécialisées dans la culture de fruits et légumes sur 362 000 hectares.
Les organisations de producteurs (OP)
Des entités telles que Blue Whale, Sicoly et Prince de Bretagne regroupent des producteurs afin de mutualiser ressources, planifier les cultures et sécuriser les débouchés commerciaux, jouant ainsi un rôle central dans la filière. On compte environ 200 OP reconnues en France.
Les expéditeurs et coopératives
Ils gèrent la collecte, le conditionnement et la distribution des produits vers les marchés, assurant ainsi une logistique efficace et adaptée aux attentes du marché.
Les grossistes
Ces derniers achètent d’importants volumes auprès des producteurs pour ensuite approvisionner les détaillants et restaurateurs. Ils distribuent près de 40 % des fruits et légumes frais consommés en France.
Les détaillants
La distribution finale auprès des consommateurs est assurée par divers circuits tels que la grande distribution, les marchés locaux, magasins spécialisés ou encore la vente directe.
Les défis majeurs de la filière
Cette organisation complexe génère des défis majeurs, notamment concernant la rémunération des producteurs. Ceux-ci perçoivent en moyenne seulement 20 à 25 % du prix final payé par le consommateur en grande distribution.
Face à cette problématique, plusieurs initiatives sont en cours :
- Lois EGALIM visant à garantir une meilleure rémunération aux producteurs.
- Développement des circuits courts réduisant les intermédiaires.
- Promotion des marques de producteurs dans les grandes surfaces.
L'importance croissante de la traçabilité
La traçabilité constitue également un enjeu majeur. Les consommateurs exigent désormais davantage de transparence sur l’origine des produits, poussant les acteurs à adopter des outils numériques, des labels qualité (bio, HVE, Zéro Résidu de Pesticides) et des plateformes connectant producteurs et acheteurs.
Vers une durabilité renforcée et des circuits courts privilégiés
Les défis environnementaux tels que le gaspillage alimentaire (30 % des produits perdus avant consommation), l’optimisation logistique et la gestion responsable des ressources en eau favorisent l’essor des circuits courts, offrant meilleure rémunération, prix compétitifs et empreinte écologique réduite.
Tendances actuelles de consommation
La saisonnalité et l'origine locale restent des critères d'achat prioritaires pour 65 % des consommateurs. Toutefois, le prix demeure décisif, particulièrement en contexte inflationniste, incitant à privilégier des gammes moins coûteuses.
Le marché bio connaît actuellement un ralentissement après une forte croissance, principalement en raison de prix élevés. La distribution spécialisée surpasse la grande distribution dans ce segment, notamment du fait de l’émergence de labels alternatifs jugés plus accessibles.
Par ailleurs, la demande croissante pour des produits pratiques et rapides à consommer (salades préemballées, fruits prédécoupés) répond aux contraintes de temps et au besoin de simplicité des consommateurs modernes, surtout en milieu urbain.
Le localisme et les défis de la distribution
La préférence affirmée pour le « made in France » est majoritairement motivée par des raisons écologiques et économiques. Cependant, la dépendance à l’importation reste élevée pour certains produits. La grande distribution continue à dominer le marché avec 65 % des ventes, même si les circuits courts progressent régulièrement.
La restauration hors foyer représente également un marché important, nécessitant des formats spécifiques et régularité d’approvisionnement, ce qui pousse vers une transformation accrue des produits et des exigences sanitaires strictes.
Conclusion : adapter la filière aux nouvelles réalités
Face aux changements dans les comportements d’achat et aux contraintes économiques et environnementales, la filière fruits et légumes doit s’adapter constamment. Pour préserver la consommation de produits frais, il sera crucial d’optimiser les assortiments, renforcer la traçabilité et répondre efficacement aux attentes des consommateurs.